Newfoundland and Labrador In The First World War

Le Newfoundland Regiment 1918 - Fin de la guerre

Le Royal Newfoundland Regiment a passé les trois premiers mois de l'année 1918 à vivre dans les tranchées à Passchendaele et à creuser la ligne Brandhoek. La Première Guerre mondiale avait duré beaucoup plus longtemps que prévu et les traumatismes extrêmes causés par la guerre des tranchées affligeaient un grand nombre d'hommes, dont l'état se reflétait dans les lettres à leurs proches.

Les soldats du Newfoundland Regiment retournant à leurs logements, Berneville, 9 mai 1917
Les soldats du Newfoundland Regiment retournant à leurs logements, Berneville, 9 mai 1917

Avec la permission des Imperial War Museums (© IWM, Q 5352), Londres, Angleterre.http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205237493

« La guerre se poursuit et c'est à se demander comment une telle chose pourrait possiblement durer plus longtemps qu'une semaine au plus et comment les personnes qui y participent peuvent se battre corps et âme pendant toute une journée», a écrit le lieutenant Henry Mews à sa tante Nell, le 22 mars 1918. « La guerre d'autrefois était à tout le moins équitable, mais aujourd'hui on se cache pour lancer les obus et d'autres projectiles sans même regarder devant soi et, de chaque côté, on attend en s'en remettant à la chance.. » (Archives et collections spéciales, Coll. 267 1.04.007) [Traduction]

Le régiment était de retour au champ de bataille le 18 avril 1918, dans le cadre de la bataille de la Lys qui s'est déroulée pendant dix jours, près de la ville de Bailleul, au nord de la France, et ce, jusqu'à ce que des soldats français prennent la relève le 21 avril. Le régiment a subi 176 pertes humaines à Bailleul - un dur coup pour une unité déjà décimée.

Retiré des lignes de front

Il aura fallu des mois pour que les recruteurs de Terre-Neuve et du Labrador puissent rassembler un nombre suffisant d'hommes pour redonner au Régiment sa force de combat. Dans l'intervalle, les commandants alliés avaient décidé de retirer le régiment de la ligne de front. Dans les mois qui allaient suivre, le Newfoundland Regiment allait donc assurer la garde du quartier général du feld-maréchal Haig, à Montreuil.

Quartier général du feld-maréchal Haig, à  Montreuil, dont la garde était assurée par le Royal Newfoundland Regiment, en 1918
Quartier général du feld-maréchal Haig, à Montreuil, dont la garde était assurée par le Royal Newfoundland Regiment, en 1918

Avec la permission de Archives et collections spéciales (Coll. 346 1.01.103), bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial University, St. John's (T.-N.-L.)

Pour le Newfoundland Regiment, son retrait des opérations actives sonnait son détachement de la 29e Division, l'unité au sein de laquelle il avait servi pendant deux ans et demi. Dans un discours d'adieu, le commandant de la Division, le Major-général D. E. Cayley, rend ainsi hommage au régiment :

« En faisant mes adieux au Royal Newfoundland Regiment qui quitte la 29e Division, je tiens à exprimer mon très grand regret de le voir retiré de cette formation au sein de laquelle les hommes ont si longtemps et si vaillamment servi. Depuis septembre 1915, l'ensemble de leur service actif a été exécuté dans cette division et, durant tout ce temps, le Bataillon s'est révélé en toutes circonstances, bonnes et mauvaises, une unité de combat splendide. À Suvla, Beaumont-Hamel, Gueudecourt, Monchy, Ypres, Cambrai et lors de la dernière bataille près de Bailleul, les hommes ont su faire preuve d'un très haut niveau d'efficacité et de détermination au combat. Qu'ils tirent une très grande fierté de leurs faits d'armes, et qu'il en soit ainsi pour leurs compatriotes. » (Nicholson 460) [Traduction]

Une offensive de cent jours

Le régiment est demeuré à Montreuil pour le printemps et l'été 1918. En septembre, il était de nouveau reconstitué pour reprendre du service : 724 hommes et un effectif complet d'officiers. Dans l'intervalle, les Alliés avaient lancé l'offensive des cent jours - une série d'attaques contre les forces ennemies qui allaient déloger les Allemands de la France et mettre fin à la guerre.

Le 28 septembre 1918, le Royal Newfoundland Regiment se retrouve de nouveau dans les tranchées, à Ypres, mais, cette fois-ci, sous la 28e Brigade d'infanterie de la 9e Division (écossaise). Le régiment a pris part à une offensive de deux jours visant à contrôler les centres de résistance et à repousser la ligne des Alliés plus profondément en territoire ennemi.

Le caporal Richard Power, MCD, MM, et deux de ses frères. On leur a décerné la Médaille de conduite distinguée au sein de la B Company, à  Ledegham, le 3 octobre 1918, et la Médaille militaire, 11 jours plus tard
"Le caporal Richard Power, MCD, MM, et deux de ses frères. On leur a décerné la Médaille de conduite distinguée au sein de la B Company, à Ledegham, le 3 octobre 1918, et la Médaille militaire, 11 jours plus tard"

Avec la permission de Archives and Special Collections (Coll. 346 1.01.029), bibliothèque Queen Elizabeth II, Memorial UniversitySt. John's (T.-N.-L.)

Le régiment a pu saisir toutes ses cibles et gagner du terrain sur 14,5 km. Le coût de ces réalisations : 100 morts. Le régiment s'est retiré dans le village de Keiberg pour une brève période de repos avant de rentrer dans les tranchées, à Ledeghem, le 2 octobre. Les hommes y passèrent quatre jours, défendant avec succès la ligne de front des Alliés d'une contre-attaque des Allemands.

Le 14 octobre, le régiment prend part à la bataille de Courtrai. Son objectif était d'avancer vers la rivière Lys et de contrôler une voie ferrée au nord de Courtrai. La mission était sur le point d'échouer, le régiment étant soudainement à court de munitions, sous le feu nourri de l'ennemi. Or, le soldat Thomas Ricketts, n'écoutant que son courage, revint sur ses pas pour aller chercher le nécessaire.

Soldat Thomas Ricketts (nommé sergent plus tard), s.d.
Soldat Thomas Ricketts (nommé sergent plus tard), s.d.

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (F-4818), St. John's (T. N. L.)

À découvert, le jeune homme de 17 ans parvint à obtenir les munitions dont ses compagnons d'armes avaient si désespérément besoin. Grâce à son acte d'héroïsme désintéressé, le régiment parvint à s'emparer d'un important territoire ennemi et captura huit prisonniers de guerre. Le courage du soldat Ricketts lui valut la Croix de Victoria, plus grande distinction militaire pour acte de bravoure que peut recevoir un soldat du Commonwealth.

Dans les jours qui ont suivi, le régiment poursuivit son avancée en territoire ennemi. Il traversa la Lys le 20 octobre, et se dirigea vers le village de Vichte. Pendant ce temps, la guerre tirait à sa fin et l'Allemagne était en pourparlers pour signer la convention d'armistice avec les Alliés. Le 26 octobre, le Royal Newfoundland Regiment était retiré de la ligne de front. Depuis le 28 septembre, le régiment avait perdu 93 hommes.

Fin de la guerre

À la signature de l'armistice, le 11 novembre 1918, le régiment se trouvait à Cuerne, en Belgique. Les combats étaient enfin terminés, mais les hommes sont restés à l'étranger quelques mois de plus dans le cadre de la force d'occupation en Allemagne. Ils sont revenus en Angleterre en avril 1919 pour préparer leur retour au pays.

Le Royal Newfoundland Regiment traversant le Rhin en Allemagne, le 13 décembre 1918
Le Royal Newfoundland Regiment traversant le Rhin en Allemagne, le 13 décembre 1918
Sur la photo : le Capitaine Arthur Raley (à gauche) et le Lieutenant-colonel A. E. Bernard (à droite).

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (VA 28-146), St. John's (T.-N.-L.)

Le plus grand contingent à rentrer au pays arriva à St. John's le 1er juin 1919. Il pleuvait à verse cette journée-là , mais quand les 956 hommes débarquèrent du RMS Corsican, une foule énorme les attendait pour les accueillir.

Le Royal Newfoundland Regiment a été démantelé le 26 août 1919.

Pendant la Première Guerre mondiale, le régiment s'est vu décerner 16 honneurs de batailles et 285 distinctions et récompenses. Des 6 241 hommes qui se sont enrôlés, 1 305 ont été tués, 2 314 ont été blessés et 180 ont été faits prisonniers de guerre.

Dans les années qui ont suivi, de nombreux monuments commémoratifs ont été élevés en hommage au régiment, tant au pays qu'à l'étranger. En Europe, cinq monuments commémoratifs représentant un caribou sculpté dans le bronze ont été construits dans les champs où le régiment avait livré bataille. Un siècle plus tard, ces monuments sont devenus des lieux de pèlerinage pour les gens qui veulent rendre hommage au Royal Newfoundland Regiment. Ils s'y rendent pour se souvenir des victoires qu'il a remportées et pour pleurer les sacrificesde ses hommes de courage morts en trop grand nombre pendant la Première Guerre mondiale.

English version

Révisé par Jenny Higgins, April 2015
Bibliographie - Première Guerre mondiale (en anglais seulement)