Newfoundland and Labrador In The First World War

Au pays

Environ 12 000 des quelque 242 000 habitants que comptait à l'époque la population de Terre Neuve et du Labrador se sont enrôlés pendant la guerre. Presque autant se sont portés volontaires mais ont été refusés. Des milliers d'autres ont travaillé dans l'ombre, que ce soit pour mettre sur pied les troupes combattantes, les équiper, les entraîner, les réconforter, s'occuper de leurs familles ou prendre soin des soldats et des marins à leur retour, honorer leur mémoire et recueillir des fonds. Des Terre Neuviens et des Labradoriens étaient présents dans pratiquement tous les aspects de l'effort de guerre, car la guerre était menée sur de multiples fronts.

Travailleuses de la Women's Patriotic Association à Government House, vers 1914
Travailleuses de la Women's Patriotic Association à Government House, vers 1914

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (B 5-173), St. John's (T. N. L.)

La Newfoundland Patriotic Association (NPA) fut créée le 17 août 1914, pour gérer l'effort de guerre. Organisation non partisane et non parlementaire, elle était composée de citoyens influents du dominion - commerçants, avocats, médecins, membres du clergé, rédacteurs en chef, enseignants, députés, conseillers municipaux de St. John's, membres de divers syndicats et sociétés, représentants du corps de cadets, de la Legion of Frontiersmen et du St. John's Rifle Club. La composition des divers comités et sous comités fut étudiée avec attention, de façon à assurer l'équilibre des opinions politiques et religieuses.

Des magistrats ont mis sur pied des filiales dans les régions rurales, toutefois, la NPA était essentiellement basée à St. John's. L'administration de l'effort de guerre en général était concentrée dans la ville, qui comptait alors 32 000 habitants et constituait le centre social, commercial et politique de Terre Neuve. Outre la NPA, la Women's Patriotic Association (WPA), le Newfoundland Regiment et la Royal Naval Reserve étaient tous basés à St' John's.

Enrôlement

Bien que très éloignée des lignes de front européennes, la ville de St. John's jouait souvent le rôle de base de guerre. Soldats, marins et bûcherons s'y rassemblaient par milliers pour être envoyés à l'étranger. La population se rassemblait au camp régimentaire situé près du lac Quidi Vidi pour voir les hommes s'entraîner. Poèmes, textes en prose et chants patriotiques étaient publiés en grands nombres dans la presse locale. On organisait des banquets, des soirées sociales et des rassemblements pour le départ des soldats. La plupart des premières recrues du Newfoundland Regiment venaient de la ville, bon nombre d'entre elles étant issues du corps de cadets.

La D Company, du First Newfoundland Regiment, le long du bastingage du <em>SS Stephano</em>, prête à partir outre mer, le 20 mars 1915
La D Company, du First Newfoundland Regiment, le long du bastingage du SS Stephano, prête à partir outre mer, le 20 mars 1915

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (VA 37-23), St. John's (T. N. L.)

L'enrôlement était aussi important dans la ville de Grand Falls, haut lieu de l'industrie de la pâte à papier. L'économie et les emplois à St. John's et à Grand Falls n'étaient pas essentiellement fondés sur la pêche, comme c'était le cas dans la plupart des autres localités de Terre Neuve. Bon nombre des hommes qui s'enrôlaient travaillaient dans le commerce, dans les manufactures ou dans des bureaux. Ils pouvaient donc s'enrôler sans entraîner de graves conséquences pour l'économie locale. À Grand Falls, l'entreprise de pâte à papier a accepté de compléter, par une subvention, la solde militaire de tous ses employés qui s'engageaient, afin que leur revenu pendant la guerre ne soit pas inférieur à leur salaire dans la vie civile.

Le centre ville de Grand Falls, vers 1909
Le centre ville de Grand Falls, vers 1909
Sur cette ancienne photo, on voit trois hôtels, l'hôtel de ville, le magasin de la compagnie Anglo Newfoundland Development (AND) et l'entrepôt de la compagnie.

Avec la permission de la Heritage Society de Grand Falls-Windsor, Grand Falls-Windsor (T. N. L.)

Il en allait tout autrement dans les villages côtiers, où la plupart des hommes travaillaient dans l'industrie de la pêche. Leur départ pour le front risquait d'avoir des conséquences désastreuses sur le plan économique pour leurs familles et leurs communautés.

Recrutement du personnel militaire à Harbour Grace, vers 1917
Recrutement du personnel militaire à Harbour Grace, vers 1917
Texte de l'inscription sur le monument : « WHICH! Have you a reason or only an excuse for not enlisting NOW! » (Vous devez avoir une raison - ou serait-ce une excuse? - pour ne pas vous engager TOUT DE SUITE!)

Avec la permission de The Rooms, division des archives provinciales (NA-11028), St. John's (T. N. L.)

Collecte de fonds

L'enrôlement mis à part, les Terre Neuviens en général étaient entraînés par une vague de patriotisme qui se traduisait par des collectes de fonds et de nombreuses activités caritatives au profit des troupes. La plupart de ces activités étaient menées par la Women's Patriotic Association (WPA). Présente partout dans l'île, l'organisation comptait environ 15 000 bénévoles répartis entre plus de 200 filiales. La WPA n'avait pas son pareil pour faire tomber les barrières qui cloisonnaient la société terre neuvienne depuis des générations. Les très riches côtoyaient les très pauvres parmi ses bénévoles, qui venaient aussi bien des villages côtiers que des centres urbains, et représentaient toutes les grandes confessions présentes dans l'île.

Les bénévoles de la WPA confectionnaient et expédiaient des vêtements, des fournitures médicales et d'autres articles aux troupes qui étaient à l'étranger. Ils rendaient visite aux familles dont les fils, frères, pères ou maris se trouvaient au front; ils travaillaient bénévolement dans les hôpitaux locaux et organisaient des activités pour divertir les militaires en permission ou de retour au pays. Ils ont également recueilli d'importantes sommes d'argent, parfois en collaboration avec des groupes internationaux comme la Croix-Rouge et la St. John's Ambulance Association, ou avec des groupes locaux comme la NPA

Chaussettes tricotées, vers 1915
Chaussettes tricotées, vers 1915
5 276 paires de chaussettes tricotées par les femmes de Terre Neuve - 2e Contingent. Une paire fut attribuée au fils d'une des tricoteuses.

Avec la permission de la division des archives et des collections spéciales (Mary Southcott, collection 190) de la bibliothèque Queen Elizabeth II, Université Memorial, St. John's (T. N. L.)

Parmi les œuvres pour lesquelles ces bénévoles travaillaient, on peut citer, entre autres, le Patriotic Fund (destiné à aider les personnes à la charge des combattants), le fonds de secours belge, le Khaki Prisoners Fund , le St. Dunstan's Fund pour les soldats et marins aveugles, le Mayo Lind Tobacco Fund, le Fish and Brewis Fund, le Airplane Fund, le Cot Fund et le fonds Jensen pour la Croix-Rouge. Les efforts conjugués de la WPA, de la NPA et d'autres groupes caritatifs locaux ont permis de recueillir environ 1 000 000 $ pendant la guerre.

Économie

Ce fut une grande contribution à l'effort de guerre de la part d'un petit dominion, particulièrement à une époque où l'inflation était préoccupante. Pendant la guerre, les commerçants de la rue Water ont vendu bon nombre de leurs plus grands navires à coque en acier à la Russie, qui avait besoin de brise glace pour patrouiller dans ses eaux nordiques. Du fait de ces ventes, Terre Neuve ne disposait plus que de quelques navires pour importer les marchandises dont sa population avait besoin, ce qui entraîna des pénuries de charbon, de farine, de sel et d'autres marchandises, et une hausse importante des prix.

Le Bellaventure, vendu à la Russie en 1915
Le Bellaventure, vendu à la Russie en 1915

Avec la permission du service des archives historiques maritimes (PF-055.2-H32), St. John's (T. N. L.)

La polémique éclata lorsque William Coaker, chef syndical de la Fishermen's Protective Union, accusa les commerçants de profiter de la guerre pour faire flamber les prix, allégation appuyée par les conclusions de la Commission sur le coût élevé de la vie au cours de l'été 1917. Le gouvernement créa, la même année, un impôt sur les bénéfices et, en 1918, un impôt sur le revenu.

Si l'inflation était problématique pour certaines familles, la guerre fut aussi synonyme de prospérité de courte durée pour le dominion. En effet, les pays en guerre ayant réduit leur participation à la pêche de la morue, les conditions du marché et les profits se sont améliorés pour la pêche terre neuvienne. Les industries de la foresterie et des mines ont également bénéficié de la guerre du fait de la demande croissante d'exportation de bois et de minerai de fer. Pour la première fois depuis des années, le gouvernement afficha un surplus financier en 1916, une situation qui se poursuivit pendant toute la durée des hostilités.

Les conséquences à long terme ne furent pas aussi bénéfiques. La guerre a mobilisé une partie non négligeable de la main d'œuvre productive du dominion et utilisé une part importante de ses richesses. Une bonne partie des dépenses étaient consacrées au recrutement, à l'entraînement et à l'équipement des troupes pour le service militaire à l'étranger. Malgré les surplus enregistrés par Terre Neuve pendant plusieurs années consécutives, les dépenses élevées dues à la guerre ont fait augmenter considérablement la dette publique. Les coûts à long terme de la participation du dominion à la guerre furent considérables, tant sur le plan humain que sur le plan financier.

English version

Révisé par Jenny Higgins, April 2015
Bibliographie - Première Guerre mondiale (en anglais seulement)