Les membres de la délégation à leur arrivée à Ottawa en 1947

Les membres de la délégation terre-neuvienne envoyée à Ottawa étaient Gordon Bradley (président de la délégation), J.R. Smallwood, Thomas Ashbourne, le révérend Lester Burry, Gordon Higgins, Charles Ballam et P.W. Crummey. La majorité était en faveur de l'adhésion à la Confédération canadienne. Les discussions ont commencé le 24 juin 1947.

Les délégués terre-neuviens choisis pour négocier avec Ottawa
Les délégués terre-neuviens choisis pour négocier avec Ottawa
Tiré de "The Story of Confederation", The Book of Newfoundland, volume III, de Joseph R. Smallwood, St. John's, T.-N.-L.: Newfoundland Book Publishers, 1967, p. 18. Imprimé.
Les membres de la délégation à leur arrivée à Ottawa en 1947
Les membres de la délégation à leur arrivée à Ottawa en 1947
Photographie publiée avec la permission de Hunter, G./Archives nationales du Canada/PA-128075. Tirée de Part of the Main: An Illustrated History of Newfoundland and Labrador, de Peter Neary et Patrick O'Flaherty, St. John's, T.-N.-L., Breakwater Books, ©1983, p. 162. Imprimé.

La stratégie des partisans de la Confédération consistait à rester à Ottawa aussi longtemps que nécessaire afin d'obtenir une version préliminaire claire et intéressante des conditions de l'union. Le gouvernement canadien s'est d'abord montré réticent à négocier. Premièrement, Terre-Neuve allait demander des arrangements financiers spéciaux qui, s'ils lui étaient accordés, pourraient perturber les relations économiques d'Ottawa avec les provinces existantes. Deuxièmement, comment le gouvernement pourrait-il négocier avec une délégation qui ne représentait pas officiellement Terre-Neuve d'une quelconque façon? Finalement, après un lobbying intensif, le Cabinet fédéral a surmonté ses réserves et, le 18 juillet, il a accepté d'entamer les négociations.

Ceux qui, au sein de la délégation et à St. John's, n'étaient pas en faveur de l'adhésion à la Confédération ont tenté de mettre fin aux négociations en cours. Ils estimaient que la délégation outrepassait son mandat en s'adonnant à des négociations. Bradley a rejeté toutes les tentatives visant à ce que la délégation retourne à Terre-Neuve et les termes de l'union ont été fixés en grande partie à la mi-août.

À ce stade, les délibérations ont failli dérailler à la suite de la mort de Frank Bridges, le représentant du Nouveau-Brunswick au sein du cabinet fédéral. Le premier ministre W.L. Mackenzie King a insisté pour que son gouvernement ne prenne pas sa décision finale à propos des termes de l'union avant que le Nouveau-Brunswick ait un nouveau représentant. Cette situation a placé la délégation dans une position difficile. Elle ne pouvait pas retourner à Terre-Neuve les mains vides, mais elle ne pouvait pas non plus rester à Ottawa plus longtemps. Le 30 septembre, les délégués sont repartis pour St. John's en ayant en main les comptes rendus des réunions, de l'information sur le système fédéral canadien ainsi qu'une lettre du cabinet fédéral assurant qu'il prendrait sa décision le plus vite possible.

W.L. Mackenzie King lors de sa visite à Gander au mois d'août 1941
W.L. Mackenzie King lors de sa visite à Gander au mois d'août 1941
Le premier ministre canadien Mackenzie King (à droite) à l'aéroport de Gander, en 1941 (en route vers la Grande-Bretagne).
Photographie publiée avec la permission de Smith/Archives nationales du Canada/PA-116995. Tirée de, Part of the Main: An Illustrated History of Newfoundland and Labrador, de Peter Neary et Patrick O'Flaherty, St. John's, T.-N.-L., Breakwater Books, ©1983, p. 151. Imprimé.

La colère de ceux qui étaient opposés à l'adhésion de Terre-Neuve à la Confédération a explosé au moment où la Convention nationale a été reconvoquée le 10 octobre. Smallwood a exposé le rapport de la délégation en déclarant que les modalités allaient arriver ultérieurement. A.B. Butt s'est alors levé pour présenter une motion de non-confiance à l'effet que Bradley agisse à titre de président. Bradley l'a interrompu pour annoncer sa démission et a quitté promptement la chambre.

Au moment où la Convention nationale a commencé à débattre au sujet du rapport de la délégation, les modalités entourant les conditions de l'union étaient arrivées d'Ottawa. Le Canada assumerait la plus grande partie de la dette publique tandis que Terre-Neuve pourrait garder son surplus accumulé de 29 millions de dollars. Le Canada octroierait certaines subventions, négocierait un accord fiscal et verserait une subvention transitoire spéciale pendant 12 ans. Les termes de l'union mentionnaient notamment les services et départements qui seraient pris en charge par le gouvernement fédéral et garantissaient un emploi continu aux fonctionnaires de Terre-Neuve. La clause concernant l'éducation assurait le maintien du système scolaire confessionnel tout en permettant les fusions. Aucune clause particulière ne concernait l'industrie de la pêche.

Pendant les débats, Smallwood veillait à ce que tous ceux qui l'écoutaient en chambre ou à la radio comprennent bien chacune des clauses en expliquant clairement les avantages du système canadien. Le haut-commissaire canadien a décrit sa performance comme un « spectacle remarquable » – « un homme… a dominé tout le débat par la simple force de sa personnalité et sa connaissance vaste et pointue des relations entre le Dominion et les provinces. Le débat… a sûrement joué un rôle de propagande considérable. » [Traduction libre] Grâce à Smallwood, et à Bradley, la stratégie favorable à l'adhésion à la Confédération canadienne a fonctionné. Le pari anglo-canadien semblait porter ses fruits.

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