Apparence et vêtements

Les écrits nous provenant du 16e siècle sont nombreux à soutenir que les Béothuks étaient grands ou de stature imposante. Pourtant, cela ne semble pas avoir été le cas. Selon des témoignages directs dignes de foi, ils étaient plutôt de taille moyenne ordinaire, avaient le torse large et se tenaient fièrement et bien droit. Les personnes très grandes auraient été une exception. Plusieurs témoignages indiquent que les Béothuks avaient la peau plus pâle que d'autres peuples autochtones; d'autres soutiennent qu'ils ressemblaient beaucoup aux Mi'kmaq.

Apparence et personnalité

On disait des Béothuks qu'ils portaient leurs cheveux assez longs et droits; certains tressaient une mèche de cheveux à l'arrière de la tête et la décoraient de plumes; d'autres semblaient laisser leur chevelure libre ou la tressaient complètement. Les Béothuks n'avaient pour la plupart pas de barbe, quoique l'époux de Demasduit, le chef Nonosabasut, était réputé pour avoir eu une barbe broussailleuse.

Comme il a déjà été mentionné, les Béothuks peignaient traditionnellement leurs visages et leurs corps à l'aide d'un mélange d'ocre rouge et de graisse. Lorsqu'ils n'avaient pas d'ocre à portée de main, ils utilisaient un sol roux à teneur élevée en fer qui tachait bien. La couleur ocre marquait l'identité de la tribu et la première couche apposée sur les enfants en bas âge était vue comme un signe d'initiation. Cette couleur avait également une connotation religieuse.

Dans des conditions favorables, on disait des Béothuks qu'ils étaient ingénieux, dignes de confiance et fiers. En d'autres occasions, ils étaient vus comme un peuple agressif et vindicatif, n'hésitant pas à se venger pour les nombreux torts subis. Le chef Nonosabasut était un homme au courage exceptionnel. Lorsque son épouse a été enlevée par des colons, il a affronté à lui seul les hommes armés pour demander sa libération – et a payé de sa vie sa loyauté envers son épouse.

On disait de Demasduit et de Shanawdithit, les deux femmes de ce peuple retenues captives par les Anglais pendant une longue période, qu'elles étaient douces, intelligentes, affables et affectueuses, mais également fières. Shanawdithit s'indignait facilement si elle estimait avoir subi un affront personnel.

Des nombreux portraits réalisés de femmes béothuques ayant survécu à l'épreuve du temps, seule la miniature de Demasduit, peinte par lady Hamilton, a été dûment authentifiée. Elle illustre une jeune femme attirante et douce aux yeux noirs et aux courts cheveux noirs. Deux miniatures réalisées par William Gosse, inspirées de ce portrait, montrent une personne plus mature et calme au regard pénétrant et chargé de reproches. Il semblerait que les miniatures de Gosse représentent Shanawdithit.

Peinture miniature d'une Amérindienne rouge de Terre-Neuve par William Gosse, 1841
Peinture miniature d'une Amérindienne rouge de Terre-Neuve par William Gosse, 1841
Ce portrait serait celui de Shanawdithit.
Reproduit avec l'autorisation d'Ingeborg Marshall. Tiré de A History and Ethnography of the Beothuk d'Ingeborg Marshall (Montréal, Presses de l'Université McGill-Queen's © 1996).

Habillement des Béothuks

Les Béothuks utilisaient des peaux d'animaux pour la fabrication de leurs vêtements. Certaines peaux étaient tannées avec la fourrure, tandis que, sur d'autres, la fourrure était retirée pour produire un cuir souple. Nulle part dans les écrits de cette époque il n'est indiqué que les Béothuks utilisaient le matériel des couvertures européennes pour leurs vêtements ou portaient des vêtements européens.

Selon des témoignages directs, le principal vêtement des Béothuks – porté autant par les hommes que par les femmes – était un manteau fabriqué à partir de plusieurs peaux de caribou cousues ensemble pour en faire une grande pièce de matériel qu'on jetait sur les épaules, enroulait autour du corps et maintenait en place à l'aide d'une ceinture. Le côté du manteau qui était recouvert de fourrure se portait à l'intérieur, directement sur le corps, pour une plus grande chaleur. Certains vêtements avaient un col fait de peau de martre, de loutre ou de castor ou étaient ornés de franges. D'autres manteaux étaient faits de cuir et doublés de la peau souple de petits animaux à fourrure. Les manteaux des femmes avaient un capuchon dont elles se servaient pour transporter leur bébé. Certains hommes portaient des couvre-chefs particuliers. Au début du 17e siècle, on a recensé des chapeaux de style européen décorés de coquillages et, au 19e siècle, un chef a été vu portant un chapeau haut de forme.

Les manteaux des Béothuks n'ayant pas de manches à proprement parler – les Béothuks ne fabriquaient pas de vêtements sur mesure comme les Inuit du Labrador –, les bras (et, probablement, les épaules) devaient être protégés à l'aide de manches séparées, attachées ensemble sous le manteau en les croisant de l'arrière du corps pour les ramener devant, comme c'était la coutume chez d'autres peuples autochtones. Les vêtements d'hiver des Béothuks comprenaient aussi des mitaines.

Les Béothuks couvraient la partie inférieure de leur corps d'un pagne. Bien que certains contemporains aient soutenu qu'ils se promenaient nus, il est plus probable que les peuples autochtones aient été considérés, aux yeux des Européens, comme étant nus même s'ils portaient un vêtement rudimentaire. Par mauvais temps, les Béothuks portaient des jambières, qui montaient vraisemblablement jusqu'à la taille, un peu comme des pantalons. Le spécimen de jambière retrouvé de cette époque s'attachait à l'aide de lanières cousues le long de la bordure extérieure et était orné de pendentifs en os sculptés et de pattes d'oiseau. Puisque la jambière était aussi utilisée comme linceul, il est possible que les ornements aient été ajoutés aux fins de sépulture.

Une jambière de femme
Une jambière de femme
Croquis par Ruth Holmes Whitehead

Moccasin
Mocassin
(1) claque (2) revers (3) semelle
Croquis par Ruth Holmes Whitehead

Moccasin
Moccasin
Avec la permission du musée, The Rooms, St. John's, T.-N.-L.

En guise de chaussures, les Béothuks portaient des bottes (confectionnées avec la peau des pattes des animaux) et des mocassins. Ces bottes étaient fabriquées avec la peau prélevée sur les pattes des caribous et dont on préservait la forme cylindrique. Les peaux étaient cousues ensemble à l'extrémité inférieure pour former la partie de la botte correspondant aux orteils. Les mocassins, ou bottines, étaient fabriqués à partir de trois morceaux de cuir de caribou qui formaient la semelle, la claque et le revers et qui étaient attachés à l'aide d'une lanière faisant office de cordon. Certaines bottes étaient ornées d'une délicate bande frangée cousue sur le bord supérieur. Une saillie en forme de cône au talon semble avoir été une caractéristique propre à la fabrication béothuque.

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